« Je vais me lier au directeur du centre de vacances et m‘inventer une histoire. Ce sera la seule façon pour moi de faire face et de m’évader de cette triste existence », raconte Frédéric. De cette première expérience naîtra une relation particulière avec l’océan. « La relation affective dont j’avais besoin, je vais me la créer avec l’océan », émet l’auteur.
Pour lui, ce roman est l’occasion d’aller au fond des choses et d’expliquer où peuvent conduire les violences intrafamiliales. « Une femme qui est abusée est déshumanisée.
Par la même occasion, si un enfant arrive, il en subit les conséquences de plein fouet », estime Frédéric-Jacques Bourgade dont la mère enceinte à la suite d’un viol, sera ensuite internée de force par sa famille. Il se défend cependant d’avoir fait un
livre témoignage. Le roman permet au contraire de prendre du recul et de transmettre cette histoire de résilience.
L’ancien pupille de l’assistance devenu directeur de l’UDAF (Union départementale des associations familiales) du Puy-de-Dôme a travaillé pour la protection de l’enfance et est particulièrement admiratif des travaux de Boris Cyrulnik, pionnier de la résilience, ayant lui même surmonté les traumatismes de son enfance. Le neuropsychiatre apporte d’ailleurs son soutien à l’ouvrage avec cette phrase sur le bandeau de couverture : « Dès l’instant où l’on se pose un pourquoi, notre vie a un sens. On peut s’engager ». Pour sensibiliser le public sur ces sujets au cœur de l’actualité, l’écrivain anime des conférences sur les violences et les agressions sexuelles dont sont victimes les femmes mais aussi les enfants et les adolescents, en lien avec différents partenaires : mairies, CCAS, bibliothèques, associations, universités.
Dans une biographie romancée « L’enfant de l’océan », parue en 2012 et présenté à Loctudy, où il jette régulièrement l’ancre, l’auteur abordait déjà avec pudeur cette enfance marquée par les violences. Il a vu le jour à la suite d’un viol avant d’être abandonné puis adopté et de connaître des violences intrafamiliales. Dans ce premier roman « Les perles nacrées de nos larmes », sorti le 30 avril aux éditions Ovadia, Frédéric Adolph devenu Frédéric-Jacques Bourgade, après avoir pris le nom de jeune de fille de sa mère adoptive, revient sur ce parcours.
De l’Auvergne à l’île Chevalier
Il a choisi de délocaliser cette histoire de l’Auvergne à la Bretagne, les deux régions qui l’ont vu grandir. « Je fréquente le Pays bigouden depuis mes 6 ans. Je suis venu la première fois à l’occasion d’une colonie de vacances sur l’île Chevalier, où j’ai fait une tentative de suicide », se remémore l’écrivain. C’était durant l’été 1964. Le jugement d’adoption a été prononcé trois mois auparavant et trois mois plus tard, ces parents se séparent. Il reste avec sa mère adoptive mais le nouveau compagnon de cette dernière va leur faire vivre « une descente aux enfers ».